Bienvenue sur La Musique et Vous ! Si vous êtes nouveau ici, vous voudrez sans doute lire mon livre qui vous propose 20 pistes pour aider votre enfant à apprendre la musique cliquez ici pour télécharger le livre gratuitement ! 🙂
Bienvenue à nouveau sur La Musique et Vous ! Comme ce n'est pas la 1ère fois que vous venez ici, vous voudrez sans doute lire mon livre qui vous propose 20 pistes pour aider votre enfant à apprendre la musique cliquez ici pour télécharger le livre gratuitement ! 🙂

Crédit photo : La Musique et Vous
Il y a des expériences dont on peut dire qu’il y a eu un avant et un un après. Ce dont je vais vous parler aujourd’hui, c’est sans doute ce qui m’a fait le plus progresser avec mon instrument et dans mon enseignement ces dernières années. J’ai en effet eu la chance de pouvoir participer à une formation sur la méthode O Passo avec son créateur, Lucas Ciavatta. C’est en 1996 qu’il a créé cette méthode d’éducation qui met le corps au centre de l’expérience musicale. Accessible à tous, musicien ou non, cette approche permet de lire le rythme dans le corps et de se libérer d’une interprétation désincarnée de la musique.
Vous commencez à me connaître, je ne pouvais pas perdre une occasion de faire un reportage durant cette formation, afin de vous faire connaître cette méthode. C’est Lucas qui vous guidera dans ce reportage, avec la gentillesse et le goût du partage qui le caractérisent.
Interview de Lucas Ciavatta, créateur d’O Passo
Le son n’étant pas très satisfaisant durant l’interview (mea culpa), n’hésitez pas à activer les sous-titres dans youtube. Pour pouvoir mieux lire les commentaires, n’hésitez pas à régler la vidéo en HD également. Tous ces réglages s’effectuent après avoir cliqué sur la petite roue dentée en bas à droite de la vidéo, comme vous pouvez le voir sur cette capture d’écran :
Voici la vidéo, régalez-vous !
Concrètement ?
Au commencement était le pas. Vous avez dû le remarquer dans la vidéo, on marche beaucoup dans O Passo (je corrige : on marche tout le temps !). En pré-passo, on marche tout d’abord librement dans une pièce, en suivant un meneur (« on marche avec le même pied et en même temps »). On apprend ainsi à suivre une pulsation, à s’adapter à différentes vitesses, à utiliser le bon pied au bon moment. Cette étape est souvent nécessaire avec les enfants et ils le font très naturellement.
Voir par exemple cette vidéo dans laquelle Lucas tente de réaliser un jeu rythmique avec un enfant. On constate très vite qu’il perd la pulsation quand il est immobile sur sa chaise, mais qu’il y parvient aisément dès qu’il se met à marcher :
Puis viennent les pas « O Passo », réalisés sur place, sans déplacement dans la pièce. Ils peuvent être à 2, 3, 4, 5, 6, 7 temps… Voici par exemple le pas à 4 temps, sans fléchir les genoux. Pas de fioritures, le mouvement est simple, ce qui permet de pouvoir le réaliser dans tous les tempi, et d’accompagner ensuite des rythmes très complexes. On doit s’attacher avant-tout à la qualité du mouvement. Vous remarquerez que les pieds sont toujours alternés :
- pied fort devant,
- pied faible devant,
- pied fort derrière,
- pied faible derrière.
On fait passer le poids du corps sur une jambe, puis sur l’autre, comme dans la marche.
Par la suite, on ajoute le mouvement du plié de genoux (à ne pas confondre avec le planter de bâtons) qui permet d’aborder le contretemps. Quand le pas est fluide, on peut lire des feuilles de rythmes, ceux-ci n’étant indiqués au départ qu’avec des numéros. Ce sont déjà des partitions, mais sans notes, accessibles à tous, sans avoir besoin de connaître le graphisme musical classique. Ceux qui le souhaitent peuvent passer ensuite à la notation musicale, par exemple dans le cadre d’un cours de musique (que ce soit en formation musicale, avec la voix, ou encore avec l’instrument).
La notion de position est primordiale : avec ce mouvement dans l’espace, on peut « lire » le rythme avec le corps : chaque temps est situé à un endroit bien précis dans l’espace, ce qui permet de se repérer dans la mesure d’une manière beaucoup plus instinctive que lorsqu’on est devant une partition en papier. Lorsqu’on revient à la partition, la compréhension de la musique est beaucoup plus ancrée, parce qu’elle est passée par le corps.
On peut également chanter avec O Passo ! On chante au départ sur les degrés de la gamme (comme vous le voyez à la fin de mon reportage sur un choral de Bach) en disant le numéro de chaque degré. Une gamme ascendante se chantera 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 1. Là aussi, on peut suivre un meneur qui indique le numéro du degré avec ses doigts. Cela peut même être réalisé en polyphonie. C’est un moyen assez simple et immédiatement accessible d’aborder à la fois des notions de formation musicale, tout en développant l’oreille, l’écoute, etc.
Et après ?
Bien loin de ranger cette formation dans les limbes de ma mémoire comme j’ai pu le faire dans le passé avec d’autres formations, j’utilise O Passo quotidiennement, et cela a profondément modifié ma pratique musicale, que ce soit avec mes enfants, mes élèves ou encore dans ma propre pratique musicale. Je propose également un atelier O Passo dans le cadre de mon activité de musicothérapeute dans un foyer d’accueil médicalisé avec des adultes en situation de handicap.
En tout cas, à chacun de s’approprier cette méthode et de l’adapter à sa pratique musicale. Comme dit Lucas, on travaille toujours sur la base. Mais à partir de cette base, les possibilités sont infinies !
Si vous souhaitez aller plus loin, je vous invite à consulter le site internet de la méthode O Passo, dans lequel Lucas propose des ressources gratuites et renseigne aussi sur les possibilités de cours et de formation dans le monde entier. Pour la France, je vous recommande notamment celles proposées par Jérôme Viollet sur ses sites Combinacion Perfecta et O Tempo.
Pour aller plus loin, voici d’autres articles à propos d’O Passo :
- J’ai testé la formation O Passo en ligne
- Comment jouer bien en rythme ?
- Aider son enfant avec ses morceaux grâce à O Passo

Lucas Ciavatta et Jerôme Viollet. Crédit photo : La Musique et Vous
Transcription de l’interview de Lucas Ciavatta
Définition
Lucas Ciavatta : « O Passo, c’est une méthode d’alphabétisation musicale. Ça veut dire qu’on veut apprendre aux gens à lire, même les gens qui ont déjà un contact avec la partition classique. Le système classique, comme tous les autres systèmes, n’est basé que sur la notation graphique. Il est basé bien sûr sur la la notation orale, c’est pour ça qu’on utilise « do ré mi », qu’on donne un nom aux notes. Mais aussi sur la notation corporelle. C’est pour ça que, par exemple, quand on apprend la lettre A, c’est le A qu’on voit, c’est le son A, mais c’est aussi le mouvement de faire le A. C’est comme ça que les enfants apprennent. Nous on s’approche de la partition classique, mais c’est la même chose. On voit que c’est un demi-soupir, une croche, après on dit « ah, ça c’est un contretemps », on lui donne une notation orale, et après une notation corporelle pour jouer le contretemps. On fait ça [fait un mouvement d’attaque de violoncelle] pour jouer le contretemps. »
Notation corporelle
Lucas Ciavatta : « Dans O Passo, on a compris qu’il faut toujours articuler les 3 notations : corporelle, orale et graphique. Ça nous amène à un concept très important dans O Passo, qui est le concept de position. Ça veut dire qu’il nous manque un paramètre sonore qui n’est pas que sonore, mais aussi musical, et c’est un paramètre qui parle du mouvement dans le son, quand il est dans une ambiance musicale. Ça veut dire que quand je fais ça [frappe dans les mains], c’est un son. Il y a une intensité, un temps. Il n’y a pas de hauteur, parce que la hauteur est indéterminée, et il y a une durée. Dans cette salle-là [il écoute la résonance dans la salle]. Mais quand je commence à faire [mouvement régulier avec le corps], je commence à dessiner avec mon corps un espace musical, dans cette frappe-là, [il frappe des contretemps], cette frappe-là elle a une position dans l’espace musical, c’est pourquoi on comprend la différence entre temps et contretemps, parce qu’on fait la différence avec le corps. Si le corps n’était pas là, la différence n’existerait pas. O Passo travaille toujours avec la notation corporelle. C’est une base très importante pour O Passo. »
Une méthode compatible avec les autres et qui travaille sur la base
Lucas Ciavatta : « C’est important de dire aussi que O Passo ne vient pas pour se substituer à aucune méthode. O Passo vient pour aider à comprendre certaines méthodes, ou pour aller dans certaines places où certaines méthodes n’ont pas réussi à aller. C’est pour ça qu’on travaille sur la base, toujours dans la base. Il faut dire que la base peut être très large, mais c’est toujours la connaissance qui te permet d’avoir d’autres connaissances d’où tu pars. »
L’idée de musicalité
Lucas Ciavatta : « L’idée de musicalité, c’est une bonne idée, même si c’est subjectif et vague, mais c’est intéressant de penser « qu’est-ce que c’est, la musicalité ? » La musicalité, c’est une capacité de se repérer dans les structures rythmiques et les structures de hauteurs mélodiques, même si tu ne sais pas lire. C’est pour ça que par exemple, j’arrive quelque part et je n’ai jamais entendu cette chanson, mais je peux [il chante une chanson], je comprends le rythme, je comprends la mélodie, mais après les paroles c’est autre chose. Mais tout ça, si j’ai une compréhension corporelle du rythme. Quelle est la différence entre ternaire et binaire ? En fait, c’est une différence qu’il faut faire avec le corps, toujours. Ce sont les appuis qu’on fait avec le corps. »
Résistances et nécessité
Lucas Ciavatta : « Un problème, une résistance qu’on peut avoir par rapport avec O Passo, c’est « comment je vais marcher et jouer tout le temps ? » En fait, l’idée, c’est que pour certains morceaux, tu dois marcher, sinon tu ne vas pas réussir. C’est intéressant se demander pourquoi les gens peuvent avoir une résistance. Je sais pas qui a dit qu’on doit pas bouger. Pourquoi ? Qui a dit ça ? On regarde sur youtube la Philharmonie de Berlin, ils bougent ! Ils ne font pas comme ça [il se balance d’une côté puis de l’autre]. Oui, bien sûr, mais la musique qu’ils jouent, c’est pas comme ça. Mais si par exemple, une flûte – j’ai déjà vu – s’il doit jouer le contretemps, c’est lui qui va guider, il va faire [il imite la flûte jouant le contretemps en bougeant]. Il va faire comme ça, tu vois. Donc c’est une histoire de nécessité. »
Je vous invite à partage massivement cet article pour faire connaître cette méthode qui a de beaux jours devant elle. Merci d’avance !
Cet article participe au carnaval d’articles « LE truc qui m’a fait le plus progresser avec mon instrument » organisé par Roman Buchta du blog ouimusique.coach
Enregistrer
Enregistrer
Enregistrer
Enregistrer
Enregistrer
Enregistrer
Enregistrer
Enregistrer
Enregistrer
Enregistrer
Enregistrer
Enregistrer
Enregistrer
Recherches utilisées pour trouver cet article :méthode ô passo, o passo, https://la-musique-et-vous com/o-passo/
Passionnée de pédagogie musicale, je partage avec vous dans ce blog mes connaissances et expériences acquises au cours de mes activités de professeur de flûte, directrice d’école de musique, musicothérapeute et maman de deux loustics musiciens.
Partager :
- Cliquez pour partager sur Pinterest(ouvre dans une nouvelle fenêtre)
- Cliquez pour partager sur Facebook(ouvre dans une nouvelle fenêtre)
- Cliquez pour partager sur Tumblr(ouvre dans une nouvelle fenêtre)
- Cliquez pour partager sur Twitter(ouvre dans une nouvelle fenêtre)
- Cliquez pour partager sur Pocket(ouvre dans une nouvelle fenêtre)
- Cliquez pour partager sur LinkedIn(ouvre dans une nouvelle fenêtre)
- Cliquer pour imprimer(ouvre dans une nouvelle fenêtre)
- Cliquer pour envoyer un lien par e-mail à un ami(ouvre dans une nouvelle fenêtre)
Très intéressante cette méthode!
C’est un peu le pont entre la musique et la danse.
Tu veux apprendre le rythme? Facile. Bouge.
Belle approche.
Merci pour la découverte.
C’est vrai que le fait de bouger fait immanquablement penser à la danse. D’un autre côté, on n’a pas attendu O Passo pour bouger sur de la musique 🙂
Ce qui me paraît essentiel dans cette méthode, c’est le concept de position dans la mesure. Car le fait de demander par exemple à un élève de bouger (par exemple en battant la mesure avec le pied ou la main) en lisant les notes ou même en jouant peut aider, mais ça ne me semble pas suffisant parce que ça ne l’aide pas à se repérer dans la musique. Ca l’aide à avoir la pulsation, mais ça ne l’empêche pas de se perdre quand même s’il n’est pas sûr de lui. Avec le concept de position, on a un repère physique et spatial pour se repérer dans la mesure. L’élève comprend tout de suite, ou plutôt il ressent, ce qui est encore mieux, s’il est sur un premier temps, sur un second, etc. Tout cela sans passer par un jargon solfégique dès le début (le jargon peut arriver après). Et je crois que c’est cela qui me manquait dans ma pratique pédagogique.
Merci pour tes commentaires toujours pertinents, Julien !
Comme c’est écrit plus haut, il y a bien un avant et un après O PASSO, du moins pour moi. O PASSO depuis bientôt deux ans fait partie de mon quotidien : quotidien personnel car j’apprends la percussion avec trois cours par semaine et quotidien professionnel puisque j’utilise O PASSO avec des enfants souffrants de troubles du comportement avec ou sans déficience intellectuelle légère. Nous travaillons, étayés par O PRE PASSO et O PASSO, la prise en compte de l’autre, l’affirmation de soi dans une attitude adaptée, l’observation, la mémorisation et la restitution. La coordination pieds/mains/voix/yeux s’invite d’elle-même pour amener le ou la jeune vers une forme d’autonomie.
Je remercie chaleureusement Jérôme VIOLLET de m’accompagner (me superviser) dans cette démarche professionnelle très enrichissante. L’écrit d’un article est en cours pour témoigner de cette expérience, et pour aussi la partager. Je crois très fort en cette méthode. Merci Lucas !
Merci pour ce commentaire très détaillé et qui m’apporte également des éléments de réflexion pour l’atelier que je vais mettre en place au foyer d’accueil médicalisé.
Passionnant article qui ouvre des horizons à tous ceux à qui on a dit qu’ils n’avaient pas de rythme.
partagé sur la chaine Youtube Apprendre le violon à tout âge, merci Céline
Bonjour, j’aimerais savoir si la formation est prise en charge par l’école de musique ou je travaille, et si vous relaxez un diplôme reconue par l’état, à la fin de la formation?
Bonjour,
Je vous invite à contacter Jérôme Viollet de ma part pour le savoir. Il n’y a pas de diplôme d’Etat, mais si vous travaillez dans une école de musique ou que vous êtes demandeur d’emploi, vous pouvez être financé via Uniformation ou le Pôle Emploi, ou encore la Région (en ce qui concerne la France).