Qu’est-ce que c’est que cet instrument ?
Je pense que vous savez tous à quoi ressemble une batterie : des fûts (tambours), cymbales qui pendouillent en tout sens, une grosse caisse avec une pédale, et un enragé derrière qui défonce méthodiquement chaque élément de son instrument dans un ordre plus ou moins aléatoire avec deux baguettes. Bien, ça c’était pour le cliché de départ. Maintenant on redevient un peu sérieux : comme vous le savez, la batterie fait partie de la famille des instruments à percussion. Voici sa composition la plus courante :
- La grosse caisse Écouter, munie d’une pédale pour la jouer avec le pied.
- Le tom basse Écouter, le plus grave, est généralement posé sur ses trois pieds.
- La caisse claire Écouter est située au milieu, entre les jambes du batteur.
- Les toms Écouter sont le plus généralement au nombre de deux ou trois, mais peuvent être beaucoup plus nombreux (parfois jusqu’à une vingtaine !).
- La charleston Écouter, ou hi-hat, double cymbale dont l’ouverture est contrôlable au pied.
- Les cymbales : ici la crash Écouter à droite, et la ride Écouter (plus grande) à gauche.
Remettre une batterie en place dans une salle de mon école de musique a toujours tenu du challenge. Avec ce schéma, je n’ai plus aucune excuse !
Et le son ?
Laissons à Phil Collins le soin de nous montrer de quoi son instrument est capable :
Quelle est son histoire ?
Je ne détaillerai pas les origines des instruments à percussion qui ont précédé l’apparition de la batterie : des premiers tambours primitifs aux caisses claires des fanfares, il y en aurait pour des heures d’exposé ! Je vais donc me concentrer uniquement sur l’histoire de la batterie elle-même, ou « kit de batterie », puisque c’est le nom qu’on lui donne lors de ses premières années.
Apparue au début du 20ème siècle aux Etats-Unis d’Amérique, le kit de batterie participe à la naissance du jazz.
Imaginez-vous à présent sur un bateau à aubes dans au début du 20ème siècle sur les eaux de la Nouvelle-Orléans (quelques années après la parution de Tom Sawyer…). Les premiers bigs-bands de jazz y faisaient danser les passagers. C’est alors bien plus pratique de jouer assis, du fait que le bateau bouge et qu’il faut jouer assez longtemps. C’est à peu près à cette période qu’apparaissent les premières pédales de grosse caisse, puis de charleston : quoi de plus pratique que de jouer aussi avec ses pieds quand on joue assis ! Cela libère les mains pour pouvoir jouer un plus grand nombre de percussions à la fois, et particulièrement la caisse claire.
Que les batteurs me pardonnent cette comparaison, mais après la 1ère guerre mondiale, certains kits de batterie ressemblent plus à des sapins de Noël qu’à nos batteries actuelles : on y accroche tout un tas de percussions (toms chinois, cloches, grelots, cymbales, maracas, cliquets…), sifflets, klaxons, effets sonores en tout genre…
Voici un enregistrement du groupe de Jelly Roll Morton. Je vous invite à écouter particulièrement le dialogue entre la batterie et les autres instruments (l’histoire ne précise pas si c’est le batteur qui imite le bouc qu’on entend bêler au début du morceau).
Le jazz se développe notamment dans les café-concerts et les cabarets avec de nombreux groupes de musiciens noirs, bientôt imités par des musiciens blancs. Dans les années 40, lors de l’invention du be-bop, la batterie tient toujours une place primordiale.
Dans les années 1950, l’invention du rock n’roll puis de la pop-music anglaise dans les années 1960 ouvrent de nouvelles pages dans l’histoire de la batterie. Mais si les batteurs de l’époque « be-bop » se caractérisaient par une véritable compétition dans la complexité des rythmes utilisés, le rock et la pop-music privilégient au contraire la simplicité et l’énergie pour transporter les foules. On connaît tous par exemple Ringo-Star, le batteur des Beatles, encore à ce jour groupe le plus connu au monde :
Vers 1953, la peau en plastique fait son apparition. Auparavant, les peaux des tambours étaient en peaux animales, par exemple peaux de veaux ou de chèvres.
En parallèle au rock n’roll et à la musique pop se développe le Free-jazz, avec ses rythmes complexes et sophistiqués.
À la même période et encore de nos jours, l’influence des rythmes afro-cubains, brésiliens, indiens, etc. se fait sentir chez certains batteurs dans le jazz, le rock, la musique funk…
Voici par exemple l’étonnant Trilok Gurtu, qui ajoute à sa batterie un ensemble important de percussions de diverses origines, et en particulier les tablas (tambours originaires d’Inde du Nord)
Dans les années 1970 et 1980 émergent également de nombreux batteurs talentueux, comme par exemple Steve Gadd (solo de batterie à partir de 1’15) :
Citons au passage l’apparition de la double pédale en 1983, qui permet de jouer sur la grosse caisse avec beaucoup plus de vélocité. Voyez par exemple cette vidéo du batteur Bryan Tronquet :
Depuis les années 1980, une multitude de styles différents voit le jour : le hard rock, le disco, le heavy metal… Il me serait difficile de vous donner une illustration de chacune de ces mouvances qui continuent à enrichir le répertoire et la technique de cet instrument aux multiples facettes. Mentionnons tout de même rapidement l’invention de la batterie électronique, ainsi que des boîtes à rythme.
Terminons sur une vidéo du groupe The Police, et de son batteur Stewart Copeland. On peut voir que la batterie tient une place vraiment importante ne serait-ce que par la place qu’elle occupe sur scène. Et je vous donne un petit défi pour terminer : imaginez la même musique sans batterie…
Un oubli
En relisant cet article, mon petit loustic me faisait remarquer « c’est bizarre, il n’y a que des garçons ». Je dois dire que je ne m’étais pas aperçue de cela, moi qui suis pourtant d’habitude plutôt attentive à la question de la parité. Je vous invite donc à visiter le blog de Roxanne, « Les filles à la batterie », en cliquant sur la bannière ci-dessous :
Il y a bien d’autres femmes talentueuses qui jouent de la batterie, même si on n’en voit aucune à ce jour dans l’article de Wikipédia sur la batterie, pour ne citer que cet exemple…
Un coloriage
Pouet pouet ! L’anecdote amusante.
Ce sont deux records que je partage avec vous dans cette rubrique cette semaine.
Tout d’abord celui de la batterie contenant le plus grand nombre d’éléments au monde, celle de Mark Temperato. Le batteur est littéralement enfoui dans une forêt de 813 fûts, cymbales, etc. !
Et celui de cette batterie géante créée par une équipe de passionnés :
Allez, un petit dernier pour le fun !
Pour aller plus loin
J’ai bien conscience d’avoir passé rapidement sur certains aspects de l’histoire de l’instrument. Mais je compte sur les batteurs chevronnés pour commenter l’article et ainsi le compléter. Par ailleurs, vous trouverez plein de belles illustration et un récit très détaillé cette fois de l’histoire de la batterie dans ce livre assez pointu mais néanmoins très agréable à parcourir de Geoff Nicholls :
Retrouvez les autres articles consacrés aux instruments dans cette rubrique et inscrivez-vous à la liste de diffusion pour ne rien manquer !
Recherches utilisées pour trouver cet article :exposé sur la batterie musique, https://la-musique-et-vous com/batterie/
Passionnée de pédagogie musicale, je partage avec vous dans ce blog mes connaissances et expériences acquises au cours de mes activités de professeur de flûte, directrice d’école de musique, musicothérapeute et maman de deux loustics musiciens.
Bruno
J’ai déjà essayé de jouer de la batterie et c’est définitivement plus dur que ça en a l’air.