Vous ne le saviez sans doute pas, mais peu avant le printemps, des abeilles très spéciales s’agitent un peu partout en Europe. Qu’est-ce que qui les fait s’agiter, me direz-vous ? C’est qu’elles cherchent butiner des fleurs particulières, afin de vous préparer un des plus succulents miels qui soit. De l’Espagne à l’Autriche en passant bien entendu par la France, on s’agite dans les conservatoires, médiathèques, salles de spectacles, jardins, théâtres… Les abeilles ne sont autres que des passionnés de musique ancienne et leurs fleurs favorites proviennent des bouquets de partitions qu’ils vont glaner avec passion pour vous en redonner toutes les saveurs. Depuis 2012, instrumentistes, chanteurs, programmateurs s’accordent chaque année à cette période afin de créer un événement pour fêter la musique ancienne dans toute l’Europe. La date symbolique du 21 mars fut choisie car elle marque (suivant les années) l’arrivée du printemps, mais c’est surtout la date anniversaire de Johann-Sebastian Bach, né le 21 mars 1685 à Eisenach en Allemagne.
La Journée européenne de musique ancienne
Pour en savoir plus sur cet événement qui réunit des centaines d’ensembles spécialisés dans l’interprétation de la musique ancienne, je vous invite à vous rendre sur le site internet sur le site du REMA, le Réseau Européen de Musique Ancienne. Étant à l’origine de cette journée, il coordonne et centralise les diverses initiatives organisées en Europe autour de cet événement.
Voici une des vidéos de présentation de cet événement en 2017 (je trouve dommage qu’on ne voie pas un seul instrument dans leurs vidéos…)
Pourquoi c’est intéressant d’y aller
- Parce que de nombreux ensembles professionnels de grande qualité y participent
- Parce que la plupart des concerts et conférences sont gratuits
- Parce que c’est l’occasion de découvrir des instruments que vous ne connaissez pas, ou de les faire découvrir à des enfants (pour survivre à une sortie concert avec un tout-petit, cliquez ici !), comme par exemple le cornet à bouquin, la viole de gambe, le théorbe…
Qu’entend-on par musique ancienne ?
Il est assez difficile de s’entendre sur la notion de « musique ancienne ». Après tout, la musique (à l’exception de la musique enregistrée) ne peut se vivre qu’au présent, dans l’interprétation que le musicien en fait à l’instant T, avec ses connaissances d’une autre époque. Mais il a bien fallu se mettre d’accord sur la signification de l’expression « musique ancienne ». C’est donc par habitude – plus que par convention – qu’on considère qu’il s’agit de toutes les musiques composées entre la naissance de l’écriture musicale en Occident au 9e siècle, et la fin du 18e siècle (qui a vu briller notamment Bach et Mozart). En réalité, il s’agit plus à mon sens d’un regard posé sur la musique (réflexion historique, recherche stylistique, etc.) plus que d’une période figée : à l’heure actuelle, le concept de « musique ancienne » absorbe jusqu’à la musique du début du 20e siècle.
Le fait de vouloir jouer de la musique ancienne est assez récent dans l’histoire de la musique. Au cours des siècles passés, on jouait uniquement la musique de son époque. Tout au plus regardait-on les œuvres des époques antérieures à des fins pédagogiques ou parfois historiques. Tenter de retrouver les sonorités – et les styles – et les œuvres du passé, de surcroît en l’interprétant sur des instruments d’époque (ou des copies) est un fait assez récent. C’est au 19e siècle que les musiciens romantiques se lancent dans la redécouverte des partitions du passé, notamment celles Johann-Sebastian Bach. Ils la réinterprètent tout d’abord sur les instruments qui leurs sont contemporains, ainsi qu’avec leur style d’interprétation (qui est alors ce que nous appellerons « romantique »). Le fait de vouloir recréer l’œuvre avec des instruments anciens ou des copies d’anciens n’émerge qu’à la toute fin du 19e siècle et au début du 20e, par exemple avec Arnold Dolmetsch, violoniste, musicologue et facteur (c’est ainsi qu’on nomme une personne qui fabrique des instruments de musique), qui restaure des instruments anciens, crée un festival de musique ancienne et fait redécouvrir la flûte à bec à ses contemporains. Ou encore avec Wanda Landowska, pianiste qui se fait construire un clavecin (qui n’avait pas grand-chose à voir avec les clavecins baroques, mais c’était déjà un premier pas). Le clavecin avait en effet été quasiment abandonné après la Révolution française, et à l’époque de Wanda Landowska, on jouait toute la musique écrite pour clavecin au piano (ou à l’orgue).
L’histoire de la redécouverte de la « musique ancienne », associée à une pratique sur instruments anciens, était lancée. Elle se poursuit encore de nos jours, avec la multiplication des ensembles et instrumentistes spécialisés dans ces répertoires.
Si le terme de « musique ancienne » ne vous parle pas plus que cela, je vous recommande cette chaîne youtube répertoriant un grand nombre de vidéos à ce sujet :
Très belle journée de la musique ancienne à toutes et tous !
Passionnée de pédagogie musicale, je partage avec vous dans ce blog mes connaissances et expériences acquises au cours de mes activités de professeur de flûte, directrice d’école de musique, musicothérapeute et maman de deux loustics musiciens.
Bruno
Je trouve ça dommage qu’on a pas ce genre d’évènement au Québec! Du moins, pas dans le coin de Montréal!
Céline Dulac
Justement, je me demandais s’il y avait des manifestation dans ce genre au Québec…